Archive pour décembre 2012

Analyse rétrograde


Thierry Le Gleuher
(Photo : christian.poisson.free.fr)

Qui est Thierry Le Gleuher ?

Problémiste Français, il compose essentiellement en genre rétro. Champion du monde 2001-2003 de composition en analyse rétrograde. Nommé MI pour la composition en 2010, il a publié environ 350 problèmes dont 115 ont été récompensés en tournois et championnats internationaux. Champion de France de résolution de problèmes rétros en 2009 et 2011. Il dirige la rubrique analyse rétrograde de la revue Phénix depuis 2001. Ses œuvres sont souvent des énigmes inattendues et il privilégie dans sa démarche la qualité offerte par l’œuvre au solutionniste. Il est prudent d’éviter toute conclusion hâtive lors de la recherche de la solution. Thierry Le Gleuher a sans doute caché une finesse derrière une porte dérobée !

La Ligue d’échecs de l’Outaouais est fière de compter M. Le Gleuher parmi ses collaborateurs réguliers.

Dans le monde du problème d’échecs, il est un domaine qui se distingue particulièrement des autres par le mode de raisonnement utilisé pour répondre à la question posée par l’énoncé ; c’est l’analyse rétrograde.
En effet dans un problème d’échecs classique (mat en 2 coups par exemple), on part de la position du diagramme afin d’essayer de satisfaire l’énoncé. On part donc du présent (position du diagramme) pour avancer vers le futur (la position du mat), alors qu’en analyse rétrograde c’est l’inverse, car l’adjectif rétrograde dérive ici du verbe «rétrograder» pris dans le sens de : reculer, faire marche arrière.
Il s’agit donc de partir de la position du diagramme (présent) et revenir dans le passé de la partie afin d’y découvrir des éléments essentiels pour pouvoir répondre à la question posée par l’énoncé. Cette question peut revêtir diverse formes dont les plus simples sont : Quel a été le dernier coup ? – Quels ont été les x derniers coups ? – Qui a le trait ? – Où a été capturée telle pièce ? – Quel a été le premier coup de telle pièce ? – et beaucoup d’autres que nous aborderons au fur et à mesure.
Ce retour sur le passé de la partie s’apparente à une enquête sur l’échiquier comme a pu le populariser Raymond Smullyan dans son livre « Mystère sur l’échiquier avec Sherlock Holmes ». Il s’agit de découvrir les indices (présents sur l’échiquier), qui mis bout à bout permettre de faire des déductions afin de résoudre l’énigme. Car un bon problème d’analyse rétrograde se doit d’être une énigme pour le solutionniste, plus ou moins coriace en fonction de la difficulté du problème et de l’expérience de l’enquêteur dans ce domaine peu connu.
Vous êtes fort joueur d’échecs et rien ne vous résiste? Vous êtes débutant et avez un esprit d’analyse? Alors, prenez le temps de faire quelques pas en analyse rétrograde, vous serez agréablement surpris.

Passons aux choses concrètes.
Pour débuter, voici un petit problème composé uniquement pour attirer le joueur d’échecs vers le domaine de l’analyse rétrograde.

Thierry LE GLEUHER
Phénix 2007
1-1
(8+6)
≠1
 

Ici l’énoncé demande aux Blancs de jouer et de faire mat en un coup.

Trop simple, me direz-vous, mais dans ce type de problème la difficulté ne réside pas dans la façon de faire mat en un coup, mais plutôt dans la façon de justifier la solution.

En effet, on voit rapidement qu’il n’y a en apparence que deux façons de mater en un coup. 1.Td1# ou 1.0-0-0#

Pour autant ce genre de problème se doit de ne comporter qu’une seule solution, autrement il serait démoli (incorrect). Alors la bonne question que l’on doit se poser est : « Le 0-0-0 est-il légal ? ». Autrement dit, si l’on peut prouver que les Blancs ont perdu leur droit de roquer, alors il n’y aura plus qu’une solution.

Examinons l’échiquier et cherchons les indices !

La position des Pions noirs é7 et g7 (sur leur case d’origine) prouve que le Fou noir initialement en f8 a été capturé sur sa case d’origine sans avoir bougé.

Le Fou noir présent en ç7 est donc un Fou de promotion (et oui, dans les problèmes rétrogrades, il y a souvent des sous-promotions, ce qui n’est que très exceptionnellement le cas au cours d’une partie classique).

Ce Fou a été promu sur une case noire, c’est-à-dire en ç1, é1 ou g1 (a1 est inaccessible pour un Pion noir) et a ensuite rejoint la case ç7.

Bien évidemment s’il a été promu en é1, le Roi blanc a dû s’écarter (bouger) et le 0-0-0 est cassé.
Pour accéder à la case ç1, le Pion noir a dû passer par d2, administrant (si le Roi n’a pas encore bougé) un échec fatal au Roi blanc et l’obligeant ainsi à s’écarter (pas question de capturer le Pion noir donnant échec puisqu’il devrait aller se promouvoir).

Bien sûr, le même raisonnement est applicable pour la case de promotion g1 car le Pion noir serait passé par f2.

Ainsi on démontre que dans tous les cas le Roi blanc a forcément bougé dans le passé de la partie et que le 0-0-0 blanc n’est maintenant plus permis.

Solution (unique) : 1.Td1#

Certains trouveront ce problème très facile, mais c’est volontaire afin de ne pas décourager immédiatement les plus néophytes en analyse rétrograde. Les problèmes d’analyse rétrograde les plus complexes peuvent se révéler d’une difficulté diabolique, parfois au point qu’on les pense insolubles. Mais rassurez-vous, la difficulté n’augmentera que progressivement.

Voici donc un deuxième problème, d’un degré légèrement au-dessus et dont la solution sera donnée plus tard.

Thierry LE GLEUHER
Phénix 2007
(14+14)
≠1
 


Ici encore il faudra prouver que le 0-0-0 n’est plus permis !

Questions, solutions, commentaires? Écrire à Thierry Le Gleuher.

Tournoi « Opération Nez Rouge »

La tradition se continue au Cercle d’Échecs de Hull et le Tournoi Opération Nez Rouge qui en était à sa neuvième édition attire un bon nombre de joueurs qui espèrent terminer leur année échiquéenne de belle façon. Il s’agit d’un tournoi de parties lentes de cinq rondes, le système fluide1 est en vigueur et la cadence régulière du Cercle, soit 1h15m/30 coups + 20 m/partie et ajout de 30 secondes à partir du premier coup, s’applique.

Dans la section A ou Élite, les gros canons Guimond, Groleau, Gagnon, Rose et Desjardins partent favoris. Mais la particularité du système fluide fait en sorte qu’il amène au fil des rondes de nouveaux joueurs qui graduent de la section B et ces distingués élus arrivent motivés et heureux de venir se frotter au gratin échiquéen de l’Outaouais. C’est ce qui explique la présence des Lavergne, Danilov et Morel dans la cour des grands et ces derniers y ont connu beaucoup de succès. Ils ont bouleversé les statistiques et déjoué les probabilités en s’imposant ou en tenant tête à la plupart de leurs adversaires. Seul Michel Desjardins a résisté à la nouvelle vague et il partage, en compagnie du joueur de l’heure Patrick Scantland et du surprenant Daniel Lavergne, les honneurs de la première place. Un des grands favoris Michel Guimond, qui était si près de son certificat d’Expert, devra se ressaisir en 2013 pour décrocher son convoité diplôme. Ses incroyables acrobaties sur l’échiquier n’ont pas suffies, il a perdu pied à quelques occasions et il devra retourner sur les planches pour peaufiner son numéro-fétiche. Nous lui souhaitons de retrouver sa recette gagnante!

Dans la section B, Denis Lemieux a connu beaucoup de succès et termine fin seul en tête avec un gros 4 en 5. Il devance Joël Lecorre et Yves Arsenault par un demi-point. Ce dernier s’est mérité le prix de la victoire la plus rapide en 2012. Pendant que tous les joueurs débutaient leur cinquième ronde et réfléchissaient au choix de leur ouverture, Yves y allait d’un foudroyant KO Technique. Son percutant uppercut Dame h5!! au sixième coup blanc couche abruptement au tapis le Roi de son adversaire. Yves se croyait sans doute dans un tournoi appelé «Opération Yeux Rouges»!

À souligner la présence du vétéran Daniel Potvin qui a fait un retour en compétition après plus de vingt cinq ans d’absence et qui sera régulièrement parmi nous dans la prochaine année; de même que celle de nos deux anciens champions Junior, Alexandre MacIsaac et Ivan Rainey, en congé étudiant du temps des Fêtes et qui nous ont payé une petite visite en venant se disputer une partie amicale durant la dernière ronde du tournoi.

Un joyeux temps des Fêtes à tous!

Marcel Laurin,
directeur du Tournoi Opération Nez Rouge
président de la Ligue d’Échecs de l’Outaouais

1 Pour connaître les spécificités du système fluide, cliquez ici.

Rondes 1 à 5 (PGN)

Choisissez une partie :
Echiquier Merida 36

Nos Champions

TABLEAU D’HONNEUR LÉO

GOUVERNEURS

1991 Gilles G Jobin, Alain J Godbout
1992 Réjean Labonté
1995 Jean-Pierre Roy , Roger Roy
2003 Hubert Séguin
2005 Paul Maisonneuve

Champions de l’Outaouais

1979 Denys Laurin (1)
1980 Denys Laurin (2)
1981 Denys Laurin (3)
1982 Denys Laurin (4)
1983 Liviu Paltiniseanu
1989 Denys Laurin (5)
1990 Jacques Coté (1)
1991 Hubert Séguin
1992 Serge Gagnon
1993 Gilles Jobin
1994 Jacques Coté (2)
1995 Gilles Groleau (1) et Bosco Maric
1996 Gilles Groleau (2)
1997 Jacques Coté (3)
1998 Jacques Laurin (1)
1999 Jacques Laurin (2)
2000 Fabien Gagnon (1)
2001 Fabien Gagnon (2)
2002 Gilles Groleau (3)
2003 Gilles Groleau (4)
2004 Christian Pepin (1)
2005 Yvan Brousseau (1)
2006 Christian Pepin (2)
2007 Yvan Brousseau (2)
2008 Karoly Szalay
2009 Daniel Cossette (1)
2010 Yvan Brousseau (3)
2011 Daniel Cossette (2)
2012 Fabien Gagnon (3)

Champions Relève

1991 Sasha Solunac
2002 Yvan Brousseau
2003 Michel Desjardins
2004 Mattieu Libersan (1)
2005 Lloyd Mai
2006 Mattieu Libersan (2)
2007 Alex Danilov (1)
2008 Michel Guimond
2009 Patrick Scantland
2010 Mario Thibault
2011 Alex Danilov (2)

Junior ( 19 ans et -)

1991 Serge Gagnon
1992 Steve Solunac
1993 Emmanuel Amigues
1994 Mattieu Libersan (1)
1995 Mattieu Libersan (2)
1996 Céline Roussel
1997 Michael Mandelman
1998-2003 (pas de compétion)
2004 Vukola Skiljevic
1999 Yves Rose
2000 Maxim Ralchenko
2001 Ivan Rainey (1)
2002 Ivan Rainey (2)
2003 Alexandre MacIsaac
2004 Benoit Dagenais (1)
2011 Benoit Dagenais (2)
2012 Patrick Berthiaume

Cadet (15 ans et – )

1983 Michel Charron
1991 Mattieu Libersan
1992 Emmanuel Amigues (1)
1993 Emmanuel Amigues (2)
1994 Emmanuel Amigues (3)
1995 Emmanuel Amigues (4)
1996 Sébastien Predescu
1997 Danny Handelman
1998-2003 (pas de compétition)
2004 Félix Baril-Boudreau (1)
2005 Benoit Dagenais (1)
2006 Félix Baril-Boudreault (2)
2007 Mate Marinkoviv
2008 Alexandre MacIsaac (1)
2009 Alexandre MacIsaac (2)
2010 Benoit Dagenais (2)
2011 Qizhe Jiang
2012 Qizhe Jiang (2)

Champions – SEMI RAPIDES

1993 Gilles G. Jobin
2003 Yvan Brouseau
2004 Mattieu Libersan
2005 Karoly Salay
2006 Lloyd Mai
2007 Karoly Szalay
2008 Karoly Szalay (2)
2009 Patrick Scantland
2010 Daniel Lavergne
2011 Christian Pépin

Champions – BLITZ

1993 Jacques Côté
2004 Yvan Brousseau
2005 Mattieu Libersan
2006 Lloyd Mai
2007 Karoly Szalay
2008 Karoly Szalay (2)
2009 Mihnea Voloaca
2010 Mihnea Voloaca (2)
2011 Michel Guimond