Simultanée Jean Hébert au CEH

La Ligue d’Échecs de l’Outaouais était heureuse de recevoir un géant québécois des 64 cases pour inaugurer la nouvelle saison CEH 2012-13, le mardi 4 septembre. Pour tous les Québécois, cette date sera commémorée comme celle un événement électoral historique; mais pour les joueurs d’échecs du Cercle, il s’agira plutôt celle d’une soirée inaugurale excitante, voire électrisante puisque le spectacle Jean Hébert était en ville !

Pour lui assurer une belle rivalité, la LÉO avait réuni sous son chapiteau du Parc Fontaine de la rue Charlevoix une bande de 20 beaux lions reposés, enjoués et même quelque peu indisciplinés et insouciants. Parmi les plus dangereux félins se retrouvaient les Michel Desjardins, David Forget, Jacques Côté, Daniel Lavergne, Jacques Laurin et Mattieu Libersan. Immédiatement la courte cérémonie de présentation terminée, notre dompteur de lion se met à l’oeuvre et amorce son show. Très à l’aise dans cette fosse aux lions, il amadoue rapidement quelques cinq à six fauves durant la première heure de jeu. Même chose durant la deuxième heure puisqu’il fait incliner plusieurs têtes en signe de soumission mais doit néanmoins offrir la nulle au solide Mattieu Libersan qui ne s’en laisse pas imposer.

Surprise lors de la troisième période de cette soirée: assuré d’un échec perpétuel au dépens de Denis Lemieux et distrait par une partie enlevante et dérangeante sur l’échiquier suivant vis-à-vis Jacques Côté, notre maître-dresseur tente plutôt le gain, sacrifie une pièce mineure et recherche le mat rapide. Mais Denis lui assène un coup de patte à la fois défensif, incisif et décisif en forçant l’échange des Dames et se retrouve avec une partie gagnante. Constatant son impuissance dans cette finale perdante, notre vedette subit une première défaite.

Piqué au vif, cela a plutôt un effet énergisant pour Jean qui saisit son fouet et après quelques claquements secs et étourdissants se défait de presque tous les autres adversaires très rapidement, dont David Forget qui dans une position légèrement supérieure se fait renverser inexplicablement. Notre implacable dresseur peut dorénavant se concentrer sur l’unique partie restante contre l’indomptable, hargneux et insoumis chef LÉO Jacques Côté. Un bel attroupement se forme autour de l’échiquier pour observer cette dernière partie très enlevante, d’une grande complexité au résultat incertain. Finalement, ce duel époustouflant se termine à l’avantage de la LÉO et un Jacques Côté charismatique scelle le résultat de la simul comme suit: Jean Hébert 17 1/2 – LÉO 2 1/2.

Curieux et empressés de connaître rapidement le résultat du scrutin électoral, il a été décidé par les joueurs encore sur place d’y aller plutôt d’une courte séance de questions-réponses au lieu du traditionnel exposé post-simulltanée. Voici un résumé général et conforme au propos tenu lors de cette période de questions:

Jean Hébert (Photo : J. Laurin)

Q : Que faudrait-il faire pour mieux populariser le jeu d’échecs auprès des jeunes Québécois ?

Jean Hébert : Définitivement, on se doit d’enseigner les échecs dans les écoles, non pas seulement comme activité parascolaire, mais plutôt en tant que matière obligatoire (pas nécessairement obligatoire, mais au moins intégré dans les heures régulières de classe, car c’est dans ce contexte seulement qu’on peut enseigner et faire un véritable apprentissage) comme le français, les maths, l’histoire, la géographie, etc. Ce n’est pas juste le côté des habiletés intellectuelles qui importe, mais il y a aussi le côté social qui y est favorisé. Le milieu de l’éducation se cherche désespérément des moyens efficaces pour contrer le décrochage scolaire. Un apprentissage structuré des échecs a prouvé qu’il représente un bon outil pour permettre aux jeunes de développer des facultés qui vont les aider de trouver de bonnes solutions à leurs problèmes et de prendre les meilleures décisions pour leur développement et leur avenir. Cette approche serait bénéfique et nous devons aller dans cette direction pour deux raisons : aider un système d’éducation qui en a tellement besoin et en même temps faire la promotion de la pratique des échecs pour sa valeur intrinsèque.

Q : Quels sont vos objectifs actuels pour votre carrière ?

Jean Hébet : J’ai maintenant 54 ans et les ambitions et projets changent en cours de route en vieillissant. J’accorde beaucoup plus d’importance aujourd’hui à l’enseignement des échecs et à mes projets d’écriture pour mieux faire connaître le jeu d’échecs chez nous. Je continue de jouer régulièrement dans les tournois et actuellement je connais une bonne séquence. Pour tout joueur d’échecs régulier, il y a des hauts et des bas, mais ce qui me donne le goût de continuer, c’est de voir que de temps à autre je peux encore jouer une partie de bonne qualité.

Q : Avez-vous obtenu une ou deux normes de GMI?

Jean Hébert : Non, mais je suis passé très près à quelques occasions et cela m’a permis de voyager dans beaucoup de pays, une vingtaine dont l’Arménie et la Russie (Sibérie), des pays où les échecs sont très développés.

Q : Quelle a été votre plus haute cote en carrière?

Jean Hébert : J’accorde peu d’importance à la cote, ce n’est qu’un chiffre et cela ne revêt aucune importance pour moi. Elle monte et elle baisse ce qui ne change rien à la valeur du joueur !

Q : Quelle est votre ouverture préférée? Êtes-vous un joueur de d4, e4 ou autres ?

Jean Hébert : Je suis actuellement un joueur de d4, c4 ou Cf3 et d’une certaine façon c’est mon adversaire qui choisit l’ouverture selon la défense qu’il me présente. Je ne suis pas un spécialiste des ouvertures, mais j’ai parfois du succès dans cette phase de jeu grâce à mon instinct positionnel et mon expérience. Il faut être joueur professionnel pour consacrer le temps voulu pour développer un répertoire d’ouvertures de haut niveau. Je n’ai ni le temps ni le goût de le faire.

Q : Avez-vous des nouvelles d’Alexandre Lesiège ?

Jean Hébert : Pas récemment, non. De tous les élèves que j’ai eus, c’est sûrement Alexandre qui avait le plus beau potentiel. S’il avait continué à jouer dans les tournois internationaux, je le voyais certes intégrer les 100 meilleurs joueurs au monde, et il avait même l’étoffe pour se faufiler parmi les 10 meilleurs. Mais ce n’est pas facile de gagner sa vie en étant professionnel d’échecs en Amérique du Nord et il a choisi d’essayer une autre profession en devenant joueur de poker professionnel. Mais récemment il annonçait qu’il retournait aux études. Je lui souhaite bonne chance.

Hébert Photo 2

Jean Hébert (Photo : J. Laurin)

Au nom de tous les joueurs de la LÉO, un gros merci à Monsieur Jean Hébert pour avoir accepté notre invitation et de nous avoir ainsi permis de passer une belle soirée mémorable par sa présence et sa belle prestance. Un beau bravo aussi à nos valeureux et passionnés participants !

Ci-dessous, une sélection des parties de cette simultanée.

La nouvelle saison CEH est lancée !

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