SEMI-RAP CEH BIENVENUE 2017
L’imprévisible DAME Nature nous réservait un malicieux cocktail de mauvais temps en cette soirée du 3 janvier. Son principal ingrédient actif apparaît tout d’abord sous forme d’une importante tempête de neige qui avait débuté en mi après-midi et qui s’est rapidement transformée par la suite, alimentée par de puissants vents violents, en dangereuses et virevoltantes bourrasques. Puis, un surprenant processus contraire se met en branle. Sa soudaine douceur provoque une abondante et fondante dépression, accompagnée d’une dérangeante pluie froide suivie d’une épaisse couche de givre et d’un désagréable et continuel petit courant d’air plutôt frisquet. Finalement, un incontournable frimas s’installe dans l’atmosphère et accouche sur tout le territoire de l’Outaouais du toujours détestable verglas qui, conséquemment, deviendra notre sale habituelle et impraticable sloche d’hiver.
De quoi faire fuir tous nos ROIS joueurs d’échecs hors des hasardeuses routes, donc loin des échiquiers du Cercle d’Échecs de Hull. On ne s’attendait pas à en voir plusieurs à 19:00 heures pour le début du premier tournoi de la nouvelle année, un semi rapide de trois rondes à la cadence de 25 minutes pour la partie plus ajout de 5 secondes par coup joué.
Un groupe de sept intrépides un peu FOUS, dont deux joueurs Expert, s’est présenté et nous avons attendu une quinzaine de minutes supplémentaires en souhaitant l’arrivée de quelques retardataires, qui ne se sont jamais pointés.
Parfait ! Pour s’assurer d’un nombre pair de joueurs tout en confirmant ma résolution du Jour de l’An de jouer dans le plus de tournois possibles cette année, je me joins avec enthousiasme à la compétition.
Très peu actif devant l’échiquier lors des douze derniers mois, (un tournoi de lentes à Trois-Rivières en mars et un autre à Ottawa en septembre, plus le semi rapide par équipe d’octobre au Cercle), j’ai eu amplement le temps d’étudier sérieusement mes parties les plus récentes, de mieux comprendre mes forces et mes faiblesses, d’ajouter des éléments manquants tout en détectant mes mauvaises habitudes afin de parfaire mon nouveau style de jeu qui entre vigueur à partir de maintenant.
J’ai comme atouts beaucoup plus que de la confiance ; j’ai de l’assurance, des connaissances et une vaste expérience ! Je reviens à mes premiers amours, soit un style de jeu agressif qui me convient bien, mais qui sera sûrement mieux exécuté et plus pondéré. Dorénavant, je vais arriver en meilleure forme et reposé, varier mes ouvertures, utiliser adéquatement le temps au cadran et travailler mieux et plus fort. Je serai toujours bien préparé, motivé et même plus affamé de victoires que jamais : c’est presque de la hargne mais je serai sûrement beaucoup plus dangereux qu’auparavant ! Cent parties plus tard, on verra bien où cela me mènera et peut-être que les sceptiques seront confondus ! En attendant, le nouveau Marcel ‘’Tempête’’ Laurin veut performer sur l’échiquier et la météo de ce soir est de circonstance !
Nous ne sommes pas obligés d’écrire les coups dans un semi rapide et je ne peux que décrire correctement mes trois parties de la soirée, du moins tenter le plus fidèlement possible d’expliquer le déroulement de celles-ci.
Je suis apparié à un des favoris avec les Blancs en première ronde, soit Sasha Solunac. Je connais très peu son style de jeu n’ayant vu superficiellement que quelques rares positions de ses parties depuis son tout récent retour au jeu au Cercle.
J’y vais avec le pion Dame et il répond par une défense Est-Indienne. Je suis très à l’aise avec cette ouverture complexe, un peu lente mais très solide et pas facile à jouer ni à déjouer ; ce qui me donne cependant beaucoup de leste pour installer une offensive à mon goût. Après son Petit Roque, je décide de mon côté de ne pas roquer et d’ouvrir la colonne H. Mon adversaire installe une Tour sur la case e8 et prépare un assaut contre mon insécurisé Roi sur cette colonne centrale.
Mais il doit d’abord chasser mon dérangeant Cavalier installé en g5 et avance son pion en h6 pour le déloger. J’ignore cette manœuvre et je le lui offre plutôt la pièce mineure en ayant comme compensation plus qu’un tempo, car un doublage de Tours s’accélèrera automatiquement sur cette bande. De plus ma Dame a l’intention de les rejoindre au plus vite pour une dévastatrice attaque s’il décide de capturer la pièce ; sinon elle restera ancrée sur cette case simplement en attente.
Sasha prend le Cavalier et augmente immédiatement ses effectifs offensifs lui aussi en activant son Fou en f5 plus sa Dame et un Cavalier au centre. Ce sera une frénétique course du premier arrivé qui l’emportera. Tout est en place pour les deux adversaires et je me dois, pour éviter le mat en un, de placer très précisément sur une case de fuite mon dépourvu vulnérable Roi attaqué de toutes parts. Sasha doit maintenant se contenter d’un mat en deux et ce léger retard d’un coup fait toute la différence. Ma Dame est arrivée entre mes deux Tours et je suis plus rapide pour un mat en trois mais forcé à partir du prochain coup. Les Noirs manquent de temps (moins de 2 minutes au cadran contre 10 pour moi), doivent se défendre correctement et ce décevant obligé repli leur sera fatal. L’activité de mes Tours me permet, malgré la pièce en moins, de pousser son Roi vers le centre et ma mobile Dame de faire la différence. Une partie vraiment excitante !
En deuxième ronde, j’affronte le ChamPION 2015 de la LÉO Michel Desjardins. Je connais bien son style de jeu et j’ai analysé fréquemment ses parties sur notre site. Je peux même anticiper ses coups dans certaines circonstances ou en pression de temps. Il a un jeu positionnel solide et prend très peu de chance. Je peux donc miser à l’occasion sur une prévisible réaction défensive lors d’une partie serrée, deviner son plan et sa suite de coups puis attendre le moment approprié pour catapulter mes inattendus surprenants coups de tonnerre.
Ayant chacun eu les Blancs, la règle de l’alternance me favorise et je débute par 1 e4… et sans surprise mon adversaire réplique par 1…d5, je prends le pion et sa Dame s’empare du mien. Michel joue fréquemment cette ouverture depuis quelque temps et l’a utilisé entre autres contre Mario Thibault et Gilles G. Jobin lors de ses deux derniers tournois au Cercle; ces parties ont été courtes et se sont terminées par des nulles.
Nous développons nos pièces mineures et Michel opte pour le Grand Roque. Je décide de gober son pion a7 en sacrifiant volontairement mon Fou installé en e3. Michel ferme la trappe en déplaçant son pion b en b6 et avance son Roi en b7 pour l’éventuelle capture. Ma compensation en vaut la peine. Je gagne trois tempi, assurément un second pion (b7) et peut-être un autre à venir ; mais surtout, je défais les précieux remparts protecteurs devant son Roi et ai en tête l’avance de mes pions de l’Aile Dame.
Pendant le processus de la perte de mon Fou, j’en profite pour activer un Cavalier et même une Tour dans le feu de l’action. Mais Michel a une pièce de plus et attaque directement mon non roqué Roi. Il me tend plusieurs pièges que je réussis à éviter, ses pièces offensives sont bien coordonnées et je résiste tant bien que mal à ses assauts.
Une dizaine de coups plus tard, nous atteignons une nouvelle étape dans la partie en échangeant quelques pièces : mon dérangeant Cavalier essoufflé contre un Fou bien embusqué ; puis ce sont les puissantes Dames qui se neutralisent. Tout cela crée beaucoup plus d’espace, me permet d’avancer en toute sécurité mon Roi vers le centre dans l’intention de lui donner cette fois-ci un rôle offensif en supportant ma chaîne de pions, prête à se déchaîner vers le Monarque Noir.
Dans cette partie toute tactique, malgré un Fou de plus, Michel se doit de réorganiser ses effectifs et défendre un Roi qui sera bientôt assailli par une impatiente vague de pions, prête à entrer en action. J’en profite en installant l’active Tour en permanence sur la septième traverse et je récupère en plus un troisième pion.
Finalement, je donne l’assaut vers ce timoré Roi qui voit la dangereuse cohorte blanche toujours s’approcher. Mon adversaire utilise donc une de ses Tours pour tenter de parer cette angoissante attaque. Il gagne mon pion h pour ouvrir d’éventuelles lignes à sa pièce lourde dans l’intention de l’utiliser pour saper ma guérilla.
Mais trop tard, un pion kamikaze est entré en action sur la colonne A. Il ouvre une brèche qui augmente sensiblement mes chances de l’emporter, car son Roi est seul et encore plus exposé. Ces avancés pions au front me permettent finalement de gagner son Fou d’avance; puis je réussis à unir mes Tours sur une rangée ouverte, supportées par d’autres intraitables pions et un Roi qui joue bien son rôle de Général. Une pétarade d’échecs s’en suivra pour terminer les hostilités en ma faveur et coucher son Roi.
Cette deuxième victoire me propulse à l’avant-scène et un bel enjeu se dessine. Une partie nulle m’assurerait au minimum le partage du premier rang et un dernier gain de faire CAVALIER seul en tête.
J’ai forcément les Noirs et mon adversaire est Stephen Solunac, le frère de Sasha. Je n’ai aucune idée de la manière de jouer de Steve (il est mieux connu par ce surnom) et il lance les hostilités en jouant 1 d4… et je réponds par 1…d5 en espérant un Gambit Dame par l’avancée du pion c4 au coup suivant. Mais la partie prend une autre voie.
Steve joue très bien, beaucoup mieux que moi dans l’ouverture, m’embête énormément et augmente la pression continuellement. Le Petit Roque me semble risqué malgré la détérioration de ma position. Je dois céder un pion, puis un autre et même un troisième en quelques coups. Cela me permet néanmoins de survivre, d’avoir un peu de contre jeu et de sécuriser mon Roi à l’aile Dame. De plus, la prise du dernier pion est risquée pour la Dame de Steve car j’essaie de la trapper.
En manœuvrant la sauvegarde de sa puissante pièce, les Noirs sont obligés de me remettre deux pions aux détriments de sa survie. Puis mon adversaire force l’échange de toutes les pièces possibles : Fous, Cavaliers, Tours, nommez-les ! Mais heureusement pas les Dames. Il essaie à plusieurs reprises de clouer la mienne qui accompagne mon Roi, soit sur une diagonale ou sur une rangée pour forcer l’échange. Son pion d’avance pourrait s’avérer suffisant pour l’emporter. Mais peine perdue, j’évite ses tentatives.
Mon plan est d’amener ma Dame derrière son Roi, quitte à lui donner un pion supplémentaire. Je pourrais ainsi obtenir des échecs perpétuels.
Mais mon adversaire continue d’avancer sa chaîne de pions à l’aile Roi et a plus d’un TOUR dans son sac pour paralyser ma Dame qui a très peu d’espace pour atteindre les cases espérées. Elle piétine dangereusement, s’esquive à l’occasion mais ne parviendra pas à se sauver.
Bravo à Steve qui réussit finalement l’échange des Dames et son pion royalement protégé arrivera le premier à destination. J’abandonne sur le champ et félicite le gagnant du semi rapide CEH Bienvenue 2017, Stephen Solunac.
Voir ci-dessous le tableau des résultats.
Marcel Laurin,
Directeur du Semi Rapide CEH Bienvenue 2017
(Cotation FQE)