Performance exceptionnelle de Samuel Filion au dernier tournoi d’Ottawa! (ainsi que vos faits saillants du 23 janvier dernier).

Avant de vous relater la soirée de mardi passé, j’aimerais souligner la fantastique performance de l’un de nos plus jeunes membres, Samuel Filion. En effet au dernier tournoi de fin de semaine à Ottawa, Samuel a été tout simplement brillant dans la section moins de 1900 alors qu’il a terminé à égalité en première place. Il a fait passer sa cote canadienne de 1466 à 1721 et s’est enrichi de 400$ Je vous partage un petit mot de son père, Yves :

 » Je dois vous avouer que Samuel m’a surpris lors du dernier tournoi au RA Center.  À son deuxième tournoi dans la section des moins de 1900, il a terminé à égalité en première place avec deux autres joueurs avec 4 points.  Il m’a surpris en gagnant contre deux adversaires cotés au-dessus de 1800. Aussi lors de son troisième match contre un adversaire de 1890, il a sacrifié sa dame contre une tour, un cavalier et un pion, ce qui lui donnait une position favorable.

Aussi dans son dernier match, il a joué de façon plus agressive en poussant rapidement ses pions devant son roi. Une initiative qui a obligé son adversaire à jouer de façon précise pour bien se défendre. Je sais que Samuel apprécie beaucoup sa participation aux clubs d’échecs d’Aylmer et de Hull. En ayant la chance de jouer contre des adversaires mieux cotés, il devient un meilleur joueur. Merci à vous tous pour vos encouragements envers le surprenant Samuel ! « .

Voici maintenant vos faits saillants de mardi passé! C’était la 2e ronde du tournoi Capablanca au club de Hull. Comme Hubert le mentionnait dans un article précédent, José Raúl Capablanca fut l’un des 17 champions du monde dans l’histoire. Il est reconnu comme l’un des plus grands joueurs de finale de tous les temps. Voici d’ailleurs l’une de ses plus belles perles :

Dans la position ci-dessus, Capablanca a les noirs contre Berstein et il joua un coup extraordinaire qui mis fin à la partie. Quel coup exceptionnel les noirs ont-ils joué ici? (solution à la fin de l’article).

Section 90+30

#NomCoteRd 1Rd 2Total
1Azar Sébastien2069W18W92
2Arsenault Michel1858W17W82
3Guimond Michel1871W12H—1.5
4Lattafi Youcef1841W11H—1.5
5Desjardins Michel1868H—W151.5
6Raymond Daniel1696H—W161.5
7Rioux Jocelyn1564H—W141.5
8Scantland Patrick1720W19L21
9Masse-Garneau Anthony1754W10L11
10Latreille Etienne2127L9W131
11Seguin Hubert1599L4W181
12Filion Samuel1507L3W191
13Albert Michel1130H—L100.5
14Thompson Francis1790H—L70.5
15Pontier-Valois Hadrien1608H—L50.5
16Laflamme Mathieu1373H—L60.5
17Simard François1395L2H—0.5
18Filion Yves1446L1L110
19Trahan Benjamin1171L8L120

Massé-Garneau vs Azar : quel duel fascinant entre le joueur de l’heure, Anthony Massé-Garneau, et notre plus fort joueur au club, le puissant maître Sébastien Azar! Les 2 adversaires ont fait honneur à leur réputation alors qu’Anthony a terminé la partie avec un pourcentage d’efficacité de 87,9%  alors que le maître a été impérial avec un pourcentage d’efficacité de 93,4% selon chess.com.

Les 2 belligérants ont joué une belle ouverture et un bon milieu de partie, de sorte qu’ils se sont rapidement retrouvés en finale. J’étais d’ailleurs très excité de suivre cette finale si intéressante (fou + cavalier + 5 pions vs fou + cavalier + 5 pions). L’histoire de cette partie se résume en une seule erreur d’Anthony, mais une erreur qui fut coûteuse. Regardons justement le diagramme de cette position :

27.Cb5? est l’erreur cruciale qui a coûté la partie à Anthony. Quel est le problème de ce coup? Après la reprise en b5 27…Cxb5 28.cxb5, les blancs se retrouvent avec un 3 contre 2 à l’aile dame, mais en raison des pions doublés, c’est impossible pour les blancs de se créer un pion passé alors que les noirs ont déjà leur pion passé sur la colonne e. Pour un aussi fort joueur que Sébastien, ce n’était qu’une question de technique de terminer la partie, ce qu’il a fait avec brio.

Comme il y a seulement 2 joueurs qui ont une fiche de 2 victoires en 2 matchs dans la section ouverte, c’est l’expert Michel Arsenault qui aura la dure tâche d’affronter Maître Azar, mardi prochain 🙂

Latreille-Albert : comme on a adopté un format suisse dans la section ouverte pour ce tournoi exceptionnellement, il est normal de voir de grosses différentes de cotes entre les joueurs dans les 2 premières rondes. J’en profite d’ailleurs pour remercier Michel Albert qui a bravement accepté de jouer dans la section ouverte, mardi passé. Cela dit, j’ai vu l’une des plus grandes différences de cote entre 2 joueurs lors de la dernière soirée. En effet, notre champion du club avec une cote de 2127 jouait contre Michel avec sa cote de 1130. Une différence de presque 1000 points? Je n’avais pratiquement jamais vu ça avant 😉  Et comme si ce n’était pas assez, Étienne a joué une partie quasi-parfaite avec un pourcentage de précision de 97,8%. J’espère que Michel a tout de même apprécié l’expérience.

Scantland-Arsenault : alors qu’il y a eu plusieurs duels inégaux mardi passé, 2 forts joueurs croisaient le fer sur l’échiquier. Mon ami Patrick m’a déjà confié qu’il aimait bien affronter l’ouverture anglaise. En fait, aucune ouverture n’effraie Pat, mais lors de la dernière soirée au club, il devait affronter l’anglaise de l’expert, Michel Arsenault. Je vous ai d’ailleurs déjà vanté les mérites de son ouverture préférée qu’il joue depuis toujours. Et bien, Michel a été un véritable rouleau compresseur alors qu’il a profité du jeu un peu trop passif de Patrick pour prendre de l’expansion au centre et à l’aile roi. Une avalanche de pions s’abattit sur l’armée noire de Pat et celui-ci a dû donner une pièce pour freiner les ardeurs des blancs. Il abandonna quelques coups plus tard en sachant bien que son puissant adversaire n’allait pas gaffer avec une pièce de plus.  

Ponthier-Valois vs Desjardins : encore une fois mardi passé, il y avait une différence de 260 points de cote entre moi et mon valeureux adversaire. Mais vous savez quoi? Hadrien n’a été nullement intimidé et il a tout tenté pour m’évincer de l’échiquier. J’ai bien aimé son grand roque au 14e coup; il me signifiait alors qu’avec les roques opposés, il n’y aurait pas de conclusion pacifique, ha ha! La partie a été très tactique et sans blague, je pense qu’il m’aurait battu si on avait joué, il y a 3-4 mois. J’ai rarement vu un jeune atteindre une cote de 1600 en si peu de temps. Pour revenir à la partie, j’aimerais vous partager une position intéressante qui est survenue :

Au 16e coup, Hadrien a joué l’excellent 16.a5! le seul coup qui lui permettait de poursuivre la partie. À ce moment-là, j’ai vu une combinaison possible si mon adversaire coopérait un peu. Petit exercice tactique de visualisation pour vous. Après son 16.a5! j’ai joué 16…Dd8 qui lui tendait un piège et il est sauté à pieds joints dessus 😉 Il a répondu par 17.c3? Qu’est-ce que les noirs ont joué pour mettre fin à la partie? (solution à la fin de l’article).

Thompson-Rioux : Un duel de Titans a eu lieu mardi passé entre Francis et Jocelyn. Francis est un joueur d’élite, mais il affrontait un adversaire vraiment en feu, Jocelyn Rioux. Dans l’un de mes rapports précédents, je vous avais parlé de la performance de Jocelyn contre le fort joueur, Mario Thibault, qui m’avait littéralement soufflée! Cette partie revêtait donc un grand intérêt pour moi.

Francis m’a confié qu’il croyait avoir l’avantage après le 13e coup, entre autres en raison de sa paire de fous. Pourtant, la position était pratiquement égale. J’ai toujours pensé que c’était vraiment difficile de faire un bon plan lorsqu’on évalue incorrectement une position à la base. Pourtant, les 2 joueurs ont vraiment très bien joué par la suite alors qu’aucune erreur n’a été commise dans les 15 coups suivants. Par contre au 28e coup, Jocelyn a gaffé de sorte que son adversaire a pu planter une  tour en d7. Francis a alors complètement pris le contrôle de la partie avec une position dominante.

Malheureusement pour lui, le ciel lui est tombé sur la tête lorsqu’il a joué 36.Txb2? qui donnait un pion (il fallait jouer 36.gxf5!).  Jocelyn est allé chercher un autre pion quelques coups plus tard et il a filé vers la victoire.

Laflamme-Raymond : Mathieu concédait plus de 300 points de cote contre son dangereux adversaire  dans ce duel d’apparence inégale. Daniel était dans une forme splendide alors qu’il a gagné une pièce au 14e coup. Plutôt que 14.De2? Mathieu aurait pu jouer 14.De3! mais son adversaire aurait pu répliquer par 14…e5. Cette position mérite un diagramme :

À la place des blancs, que coup joueriez-vous au 15e coup pour sauver votre pièce? (Solution à la fin de l’article).

Hubert Séguin-Yves Filion : comme vous le savez, ce ne sont pas tous les gambits qui sont bons aux échecs. Par exemple, le gambit letton et le gambit éléphant sont plutôt mauvais. Cela dit, je suis convaincu que le gambit Milner-Barry est vraiment l’un des plus dangereux et il faut bien connaître ses lignes si on veut survivre avec les noirs. Et oui, les blancs donnent un pion central pour obtenir un rapide développement et une attaque des plus dangereuses.

À notre club, j’ai remarqué qu’il y avait 2 joueurs qui jouaient cette ouverture avec brio depuis quelque temps : l’expert de la française, Michel Guimond et nul autre que notre Président, Hubert Séguin. Je l’ai vu avoir du succès avec cette ouverture à quelques reprises. Notons aussi la belle victoire de notre Maître, il y a une semaine, qui a joué une variante de ce gambit.

Revenons à la partie, Yves et Hubert se sont livrés un duel féroce où les positions très tactiques et complexes étaient légion. Si je résumais platement en 2 points les raisons de la défaite de mon ami Yves, je dirais que l’ouverture a été problématique dans ce gambit alors que c’est lui qui aurait dû entamer le milieu de partie avec un pion de plus et non le contraire. 2e point, les noirs n’ont pas roqué dans une partie de 30 coups. Prêtez attention à la tour noire en h8. Elle ne bougera pas de la partie. C’est comme si Yves avait joué pendant un long moment avec une tour de moins. Malgré tout, il s’est  vaillamment défendu et il a même eu des chances de complètement égaliser à la fin de la partie.

Regardez la position suivante :

Hubert vient de jouer 29. Cfe6+ Les noirs ont 5 répliques possibles et une seule d’entre elles permet la nulle. Voici les 5 seuls coups possibles contre l’échec au roi :

1.Re8

2.Rg8

3.Dxe6

4.Txe6

5.Fxe6

Quel est le seul coup qui sauve la partie pour Yves? (solution à la fin de l’article).

Trahan- Samuel Filion : Samuel, notre héros du dernier tournoi à Ottawa, affrontait Benjamin qui est toujours partant pour affronter un fort joueur. Encore une fois, une grosse différence de cote de presque 400 points séparait les 2 joueurs et je trouve que Benjamin a très bien fait dans les circonstances en atteignant un pourcentage de précision de 82% selon chess.com. Samuel a gagné un pion au 15e coup, mais son adversaire était toujours dans le coup en raison de sa paire de fou et d’une bonne position de ses pièces. Il y a eu un moment fort intéressant au 16e coup alors que Samuel aurait pu gagner une pièce en jouant cette belle suite : «  16.Fxh7? Fxb2! 17.Tb1 Df6! ». Et comme les noirs menacent de jouer 18…Fc3 qui gagne la dame, Benjamin aurait été obligé de donner son fou en h7 pour mettre son roi en sureté. Au 20e coup, les noirs ont donné un autre pion et Samuel a vogué aisément vers la victoire avec son avantage matériel de 2 pions.

Section 60+30

Matkovsky-Gagné : Taras et Raphael s’affrontaient dans une sicilienne, variante Lowenthal. C’était une partie assez équilibrée alors que les 2 joueurs s’échangeaient de petits avantages. Au 22e coup, Raphael a joué un très bon coup alors qu’il a échangé sa dame contre les 2 tours ennemies. Ça lui donnait seulement un petit avantage, mais il semblait en contrôle. Or, après 23…Txc1+, Taras a joué 24.Df1? qui donnait sa dame contre une tour. Est-ce qu’il avait envisagé de jouer tout simplement 24.Rh2 sans donner de matériel? Il faudra lui demander 🙂

François Simard- Daniel Gagnon : Dans cette partie écossaise, Daniel a souffert dans l’ouverture en raison de son 6…c5? En effet, le pion d6 est devenu arriéré et les noirs étaient sur la défensive. Comme Daniel ne devait pas aimer sa position, il a sacrifié une pièce pour de l’attaque. Malheureusement pour lui, le sacrifice était incorrect et François a même réussi à échanger les dames. Avec une pièce de plus, celui-ci semblait se diriger sans problème vers le gain. Mais surprise au 21e coup, François a probablement raté son calcul et Daniel en a profité pour reprendre sa pièce avec un pion de plus. Même si la position était encore tenable, Daniel a été intraitable et son pion de plus a fait toute la différence en fin de partie.

Paul Simard-Pierre Arcand : 2 joueurs du CA de notre club croisaient le fer mardi passé. Après 3 coups, Paul semblait avoir opté pour la Jobava London, un système que notre champion du club a utilisé dans le passé alors qu’il en a terrorisé plus d’un avec cette dangereuse ouverture. De fait, Pierre a très mal réagi contre cette ouverture alors qu’il semblait déjà perdant après seulement 4 coups. Et vous? Comment auriez-vous réagi dans cette très difficile position à la place des noirs pour ne pas perdre en quelques coups?  

Quel est la seule variante que les noirs peuvent jouer pour ne pas perdre sur le champ? Malheureusement pour lui, Pierre n’a pas su trouver la seule suite salvatrice alors qu’après 4…Tb8? 5.Fxc7 Dd7 6.Fxb8, Paul a eu un chemin assez facile vers la victoire (la réponse à ma question à la fin de l’article).

Piché-Dassylva : dans cette partie, Nicolas a eu ses chances. Par exemple au 12e coup, il pouvait gagner une pièce en jouant 12…Cxg5 13.Cxg5 Dxg5. Mais c’est plutôt son adversaire, Danielle, qui a gagné une pièce au 17e coup et une dame au 21e coup. Elle n’a évidemment plus été inquiétée par la suite et elle se retrouve donc avec 2 victoires en 2 parties depuis 2024. Quel début d’année pour Danielle!

Gagné-Ballan : dans l’ouverture, Learry a perdu quelques tempos précieux en jouant son fou blanc à 3 reprises dans les 13 premiers coups. Ça a permis à Alexis d’égaliser facilement dans sa scandinave. Mais par la suite, Learry a mieux joué le milieu de partie et a manqué plusieurs chances de prendre des avantages gagnants. Il est tout de même arrivé en finale avec 1 pion de plus et des chances de gain. Par la suite, il y a eu beaucoup d’erreurs dans cette finale de part et d’autre. Cela dit, Learry m’a bien impressionné par son 45.Cxg4! qui était un très beau piège. Non seulement Alexis n’est pas tombé dans le piège, mais il a mieux manœuvré que son adversaire et il a gagné une finale avec un pion de moins, ce qui est remarquable!

Chénard vs Escalante-Leblond : Paul a négligé son développement et à son 8e coup, il a échangé 2 pièces (6 points) pour une tour et 1 pion (6 points). Non seulement il n’y a aucun avantage matériel de faire cet échange quand on a les 2 pièces, mais les plus forts joueurs sont unanimes pour dire qu’en général, c’est préférable d’avoir 2 pièces plutôt qu’une tour et 1 pion. De plus, cet échange a donné la paire de fous à Samuel. Avec son avantage de développement et les 2 autres avantages mentionnés plus hauts, Samuel a vogué assez aisément vers la victoire même si Paul a eu une dernière chance de revenir dans la partie. En effet au 28e coup, il devait absolument jouer 28.fxg4! plutôt que 28.Txg4? Super début pour l’un de nos nouveaux au club.

Solutions aux questions :

Berstein-Capablanca : le fameux GM a joué l’incroyable 29…Db2!! qui gagne la tour ou qui mate le roi adverse.

Ponthier-Valois vs Desjardins : 17…Dxa5!

Laflamme-Raymond : dans cette position d’analyse, le seul coup pour sauver la pièce serait de jouer 15.Te1!

Séguin-Filion : le seul coup qui aurait permis à Yves d’égaliser aurait été 29…Txe6!

Simard-Arcand : Pierre aurait pu survivre en jouant la magnifique suite 4…e5! 5.Fxe5 Fb4+ 6.c3 Fa5. Le fou protège maintenant le pion en c7. C’est vrai que les noirs ont dû donner un pion, mais ils ont seulement un léger désavantage en raison de leur meilleur développement.

À mardi prochain!

Échequement vôtre, Michel Desjardins 😉

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